1. Comparez l'écriture théâtrale de cette pièce avec celle de Britannicus.
2. Quelle forme d'écriture théâtrale préférez-vous ? Pourquoi ?
par ordre d'apparition
Michel Bertolet (46 ans)
Stéphanie Bertolet (38 ans)
Le boucher (48 ans)
La bouchère (43 ans)
Gaétan (20 ans)
Amélie Brochant (56 ans)
Jérôme Plancard (54 ans)
Pierre (34 ans)
Danielle Duché (48 ans)
Jean-Guy (52 ans)
Serge Brochant (60 ans)
Le commissaire (50 ans)
Corentin Fallière (37 ans)
Dominique Santiéri (35 ans)
Emma Santiéri (15 ans)
Luce Bertolet (72 ans)
Une dizaine d'enfants.
Une rue devant différents espaces publics et privés : une boucherie, la salle à manger de Michel et Stéphanie Bertolet, la cuisine de Serge et Amélie Brochant, le salon de Dominique Santiéri, une antenne de police… D'autres espaces privés dans lesquels les uns et les autres vaquent à leurs occupations.
Quelques accessoires, comptoir de boucherie, tables, commodes, fauteuils, chaises, doivent suffire à représenter les lieux. Quand l'action se concentre sur un lieu précis (les lieux où ça parle), la vie quotidienne dans les autres lieux se déroule plus ou moins en silence. Les espaces sont régulièrement vides de tout occupant.
Dans votre journal de lecteur, imaginez et écrivez la scène 40.
1. Le nom de la ville peut changer selon l’endroit où la pièce se joue. (Note de l’auteur.)
Devant la boucherie.
Le groupe arrive en criant.
MICHEL BERTOLET. Sors boucher !
SERGE BROCHANT. Si tu es un homme !
LE BOUCHER. Le premier qui passe la porte je l'embroche !
LUCE BERTOLET. Alors là il n'y a plus aucun doute.
AMÉLIE BROCHANT. Et dire que nous l'avions sous les yeux toute la journée.
DANIELLE DUCHÉ. On a toujours tendance à faire confiance à son boucher.
MICHEL BERTOLET. Eh bien on a tort. La preuve.
AMÉLIE BROCHANT. Tous les bouchers ne sont quand même pas des meurtriers.
LUCE BERTOLET. Je passe mes vacances à Bussang dans les Vosges1. Il y a un boucher et c'est un homme très bien.
AMÉLIE BROCHANT. Mais bien sûr ! Tous les bouchers ne sont pas comme ça.
DANIELLE DUCHÉ. Heureusement.
AMÉLIE BROCHANT. On n'a pas de chance c'est tout.
MICHEL BERTOLET. Sors boucher !
LE BOUCHER. Je vous attends ! Il va y avoir de la viande froide collée au mur !
LUCE BERTOLET. Oh !
DANIELLE DUCHÉ. Oh !
AMÉLIE BROCHANT. Oh !
SERGE BROCHANT (à la bouchère). Dites-lui de sortir. Vous il vous écoutera peut-être ?
La bouchère s'avance.
LA BOUCHÈRE. C'est moi ! Sors les mains en l'air.
LE BOUCHER. Toi la victime de pulsions tu ne perds rien pour attendre !
AMÉLIE BROCHANT. Quelle horreur !
DANIELLE DUCHÉ. Il la menace devant nous.
LUCE BERTOLET. Il sait qu'il est fichu. Il n'a plus rien à perdre.
AMÉLIE BROCHANT. La malheureuse ! Elle l'a échappé belle.
DANIELLE DUCHÉ. En ce qui la concerne c'était juste une question de temps.
LA BOUCHÈRE. Je vous jure que je ne me doutais de rien !
SERGE BROCHANT. Il cachait bien son jeu.
MICHEL BERTOLET. Allons-y !
JÉRÔME PLANCARD. Tous ensemble !
PIERRE. Il pourra en planter un mais pas deux !
MICHEL BERTOLET. Vous n'avez pas autre chose à dire ?
Corentin arrive avec Dominique.
CORENTIN FALLIÈRE. Arrêtez ! Ne commettez pas l'irréparable.
LUCE BERTOLET. Il a toujours de ces phrases !
MICHEL BERTOLET. C'est un fou. Il y a des fous dans la police.
DANIELLE DUCHÉ. Le boucher aussi est fou.
SERGE BROCHANT. Dans l'administration aussi il y a des fous.
LUCE BERTOLET. Dans les foyers.
DANIELLE DUCHÉ. Partout.
AMÉLIE BROCHANT. Nous sommes entourés de fous.
LE BOUCHER. Le conseil municipal est rempli de fous à lier !
SERGE BROCHANT. Il nous nargue !
JÉRÔME PLANCARD. Allons-y en force.
DANIELLE DUCHÉ. Oui allons-y !
CORENTIN FALLIÈRE. Arrêtez au nom de la loi !
JÉRÔME PLANCARD. En avant !
LUCE BERTOLET. Qu'on en finisse !
MICHEL BERTOLET. Allez ! Tous !
Ils se jettent en avant.
CORENTIN FALLIÈRE. Regardez !
Adèle est là.
TOUS. Adèle !
Noir.
Rémi De Vos, Le Ravissement d'Adèle, 2010.