Que savez-vous d'Arthur Rimbaud ?
Observez les couvertes ci-contre. Que vous montrent-elles sur le livre que vous allez étudier ?
Feuilletez le recueil, et sélectionnez trois vers qui vous paraissent intéressants. Quels critères avez-vous suivis ?
Complétez le poème ci-contre.
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
...
...
...
Octobre 1870.
Préparez un bref exposé sur un des groupements de poèmes proposés.
Vous montrerez comment ces textes illustrent un thème important dans le recueil à travers un propos structuré :
Vous veillerez à présenter chaque poème clairement dans le développement : vous situerez le texte, résumerez le propos, lirez quelques vers.
Groupement | Groupe 1 | Groupe 2 |
---|---|---|
Rages de Césars, À la musique | Fawid, Jasmine, Noham, Quentin |
Yassine, Lenny, Sacha |
Le Mal, Le Dormeur du val, L'éclatante victoire de Sarrebrück | Mathilde, Maëlan, Rayan, Alexis |
Léandre, Noa, Mohamed |
Sensation, Roman, Ma Bohème | Loukas, Jonatas, Sandy, Charles |
Jules, Hendry, Sacha |
Vénus Anadyomène, Au Cabaret-vert, La Maline, | Arthur, Esteban, Lily |
Enoha, Tristan, Hugo, Timéo |
Rages de Césars | À la musique |
Le Mal | Le Dormeur du val | L'éclatante victoire de Sarrebrück |
Sensation | Roman | Ma Bohème |
Vénus Anadyomène | Au Cabaret-vert | La Maline |
/20 | De 1 à 5 | De 6 à 10 | De 11 à 15 | De 16 à 20 |
---|---|---|---|---|
Lire, analyser, interpréter ; tisser des liens entre différents textes |
Les poèmes ne sont pas compris. |
Les poèmes sont compris dans l'ensemble, mais les rapprochements proposés ne sont pas pertinents. |
Les poèmes sont compris. Un rapprochement pertinent est effectué entre les poèmes. |
Les poèmes sont compris de façon fine. Plusieurs rapprochements pertinents sont effectués entre les poèmes. |
Construire un jugement argumenté |
On ne comprend pas du tout de quoi parlent les poèmes. L'élève ne cite pas le texte. |
On comprend globalement de quoi parlent les poèmes. L'élève cite le texte mais le choix des citations n'est pas pertinent. |
Les poèmes sont correctement expliqués. L'élève cite le texte ; le choix des citations est globalement pertinent. |
Les poèmes sont expliqués de façon claire et précise. L'élève cite et commente ; le choix des citations est pertinent. |
S'exprimer à l'oral |
L'expression est confuse ou incorrecte. |
L'expression est globalement acceptable mais parfois incorrecte ou vraiment inexpressive. Le candidat peine à se détacher de ses notes. |
L'expression est correcte. L'élève s'adresse à son auditeur. |
L'expression est bien maîtrisée. L'élève communique avec aisance et conviction. |
Quels points communs, quelles différences avec "Le Dormeur du val" ?
Selon vous, comment doit-on lire ce texte à haute voix ? Indiquez, de façon précise, les instructions que vous donneriez à un comédien.
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Quelle lecture de "Ma Bohème" préférez-vous ? Pourquoi ?
Choisissez l'un des textes proposés en explication linéaire et proposez-en une lecture à haute voix dans laquelle vous aurez travaillé la fluidité et la prosodie.
Erika Godde est une spécialiste la lecture à haute voix. Dans cet article, elle propose une synthèse de ses recherches.
Un bon lecteur qui lit à voix haute semble raconter une histoire. Il lit comme il parle. On peut entendre des pauses, des variations de rythme, de mélodie et d’intensité qui vont donner vie au discours et permettre à celui qui écoute de le comprendre. Cette musique du langage, c’est ce qu’on appelle la prosodie.
Le premier élément fondamental de la prosodie est le phrasé. Le lecteur va placer des pauses et varier son intonation pour mettre en valeur les frontières du texte, c’est-à-dire là où il est nécessaire de s’arrêter pour bien comprendre. On va par exemple s’arrête à un point pour marquer la fin de la phrase, ou entre deux propositions pour en marquer la limite. Ainsi le phrasé permet de découper le texte pour mieux le comprendre. [...]
Le deuxième élément fondamental de la prosodie est l’expressivité, c’est-à-dire les variations de volume, d’intensité et de rythme de la voix. L’expressivité permet de faire passer des émotions, une ambiance. Elle capte et retient l’attention de l’auditeur. Exemple : "Ce gâteau est délicieux" ne sera pas compris de la même manière s’il est dit avec entrain ou une grimace de dégoût.
Ces deux éléments, indispensables à un bon lecteur, sont donc par essence très liés à la compréhension. Produire un phrasé approprié nécessite une compréhension de la syntaxe du texte. Produire une expressivité appropriée nécessite une compréhension fine du texte, d’inférer par exemple les sentiments des personnages.
Par ailleurs, le phrasé est également un élément indispensable à la compréhension du discours. Si ce phrasé disparait (ton monocorde et monotone), il est très difficile à l’auditeur de comprendre son interlocuteur. C’est ce phrasé qui, en découpant le flot continu de parole, va permettre au bébé d’apprendre ses premiers mots. Cette musique de la voix est donc indispensable à la compréhension.
Erika Godde, " Lire un texte à haute voix aide-t-il à le comprendre ? ", The conversation, janvier 2022.
Vous contracterez le texte ci-contre en 80 mots.
Selon vous, un écrivain doit-il "inscrire le politique dans son œuvre" ?
Il sera donc question ici de l'engagement en littérature. Le terme et toutes les formules qui en dérivent ("littérature engagée", "écrivain engagé", voire même le pléonasme "intellectuel engagé") sont suffisamment divulgués dans le discours littéraire pour renvoyer sans peine à un phénomène relativement circonscrit, et cela même si ce phénomène est par ailleurs objet de controverses répétées. En gros, chacun sait que l'expression "littérature engagée" désigne une pratique littéraire associée étroitement à la politique, aux débats qu'elle génère et aux combats qu'elle implique (un écrivain engagé, ce serait somme toute un auteur qui "fait de la politique" dans ses livres). Chacun situe également le cadre historique de l'engagement littéraire et en identifie les acteurs principaux : il s'est développé de part et d'autre de la Seconde Guerre, est souvent associé à l'essor du communisme, dont beaucoup d'écrivains furent les "compagnons de route", et trouve en Jean-Paul Sartre sa figure de proue.
Cela posé, on constate pourtant que la notion d'engagement a subi une usure importante, que ses arêtes les plus vives se sont émoussées et qu'elle est devenue une idée floue et passe-partout, renvoyant indistinctement à la vision du monde d'un auteur, aux idées générales qui traversent son œuvre ou même à la fonction qu'il assigne à la littérature. [...]
On pourrait, de la même manière, remonter dans le temps et, sans prendre trop de précaution, faire d'Agrippa d'Aubigné ou de Voltaire d'authentiques écrivains engagés. De même que le Tartuffe de Molière ou les fables de La Fontaine, considérés sous un certain angle, peuvent apparaître comme des œuvres engagées. [...]
La notion d'engagement apparaît et se développe au moment où, précisément, l'engagement en littérature cesse d'aller de soi et où la "mission sociale" de l'écrivain ne constitue plus une évidence. [...] L'engagement implique en effet une réflexion de l'écrivain sur les rapports qu'entretient la littérature avec le politique (et avec la société en général) et sur les moyens spécifiques dont il dispose pour inscrire le politique dans son œuvre.
Benoît Denis, Littérature et engagement. de Pascal à Sartre, éd. du Seuil, 2020.