"La critique est aisée mais l'art est difficile" (Philippe Néricault, Le Glorieux, 1732)
Problématique : La critique, jugement facile ou art difficile ?
Qu'est-ce qu'une critique ? Comment est-elle écrite ?
Quelle est la composition de cette critique ?
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Pour Christopher Nolan comme pour ses compatriotes britanniques, le nom de Dunkerque évoque un sentiment de fierté nationale. Là s'est écrite une page héroïque de leur histoire, même s'il s'agit d'une évacuation. Mai 1940. Sur la plage de Dunkerque, près de 200 000 soldats anglais se retrouvent encerclés par les Allemands. Refusant la reddition, les Britanniques décident d'organiser une rocambolesque opération de repli (appelée Dynamo).
Pour résumer cet événement glorieux, le réalisateur a choisi trois terrains de bataille et trois unités de temps. Une semaine sur la plage, où l'on suit le jeune soldat Tommy (Fionn Whitehead), qui échoue à partir. Un jour en mer, sur un petit voilier qui s'en va sauver des combattants. Enfin, une heure dans un Spitfire, fleuron de la Royal Air Force, avec un Tom Hardy glorieux, aux commandes de l'appareil. Lui comme les autres sont moins des personnages que des symboles. De dignité (le capitaine du voilier), d'humanité dans l'effroi (le jeune soldat).
Totale immersion au cœur de l'action : c'est le leitmotiv de ce film de guerre. Efficace, à coup sûr. Impressionnant en terme d'impact physique : on ressent de plein fouet le sifflement des balles, le souffle des bombes, la poussée des vagues. Pas de répit, le danger est permanent, sans cesse relancé. Christopher Nolan, nouveau roi d'Hollywood réputé pour ses (dé)constructions baroques, continue de fragmenter son récit, mais en tempère la complexité. Pour une raison simple : il n'est question que de gestes de survie. Pas besoin de mots pour ça – le film est très laconique, presque muet. Mais lyrique. C'est une sorte d'oratorio profane que le cinéaste orchestre. Comme un hommage solennel aux soldats : ceux qui ont disparu comme ceux revenus de l'enfer, qui ont craint, un moment, de passer pour des lâches.
L'équipage d'un destroyer qui se retrouve soudain noyé sous le coup d'une torpille. Un aviateur qui a réussi son amerrissage, mais qui reste coincé dans son cockpit. Des hommes dans l'eau, brûlés vif par une nappe de mazout en feu. Ce sont là les séquences marquantes d'un film qui n'apporte, malgré tout, rien de vraiment nouveau, à la différence d'Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg ou de La Ligne rouge, de Terrence Malick, auquel on pense parfois, dans sa manière de flotter entre la vie et la mort. Plus gênant : l'emballement patriotique très appuyé, lorsque surgit la flottille civile, valeureuse. Tout juste si, à la fin, l'hymne britannique ne se met pas à résonner. Un peu too much.
Jacques Morice, à propos du film Dunkerque, Télérama, le 19 juillet 2017.
Le poète Baudelaire demandait : "À quoi bon la critique ?" Que répondriez-vous ?
1. Quelle définition Jean-Michel Frodon donne-t-il de l'oeuvre d'art ?
2. Selon lui, qu'est-ce que le critique ne doit pas faire ? Et, au contraire, qu'est-ce qu'il doit faire ?
Selon vous, la critique est-elle vraiment utile ?
La critique est une activité fondée sur le fait qu'elle concerne un type d'objets particulier, qui appartient à la catégorie des œuvres d'art. La critique a été inventée par Diderot à la fin du XVIIIe siècle, elle a été développée et portée à son sommet par Baudelaire, l'un et l'autre utilisant un art, le leur, celui de l'écriture, pour ouvrir un nouvel accès à un autre art, dans leur deux cas la peinture. Tous les critiques n'écrivent pas comme Diderot et Baudelaire, loin s'en faut, mais le travail critique s'appuie sur une exigence d'écriture, une ambition que le travail de la phrase va donner accès, selon un mode particulier, à ces objets eux aussi particuliers que sont les œuvres d'art.
La caractéristique d'une œuvre d'art est d'être un objet ouvert (selon l'expression d'Umberto Eco), un objet dont on peut décrire les composants mais dont le résultat excède, et excédera toujours ce qu'on peut en analyser et en expliquer. Et le travail du critique n'est pas, surtout pas, d'expliquer ce mystère, de répondre à la question que pose toute œuvre d'art. Celle-ci doit rester ouverte, pour être habitée librement par chacun de ses spectateurs – ou lecteurs, ou auditeurs, selon l'art dont il s'agit.
Au contraire, le travail du critique est de déployer le mystère, d'en ouvrir l'espace à ses lecteurs pour que ceux-ci y pénètrent plus aisément, le parcourent, l'habitent chacun à sa manière, pour que chacun construise son propre dialogue sans fin avec l'œuvre en question. [...]
Est-ce à dire que tout film est une œuvre d'art ? Bien sûr que non. Mais tout film, quelles que soient ses conditions de production, en contient la promesse, tenue ou non. Dans les faits, un nombre relativement restreint de films sont de véritables œuvres d'art, la plupart cherchent au contraire des objectifs utilitaires, mécaniques, qui asservissent leurs spectateurs à des stratégies qui peuvent être sophistiquées mais qui à la fin visent au contrôle des émotions, des pensées et des comportements. La plupart évite d'être des œuvres d'art, avec la part d'incertitude, de trouble que cela suppose nécessairement. Le travail du critique est alors de mettre en évidence ces mécanismes et d'en dénoncer les effets.
Mais ce travail peut être aussi de repérer comment, malgré une visée purement utilitaire et instrumentale, une dimension artistique apparaît dans un film qui ne le cherchait pas : une des grandes beautés du cinéma est d'être capable d'art même quand ceux qui le font n'en ont pas le projet, se contentant pour leur part des autres dimensions du cinéma, le commerce, la distraction et le document.
Dans tous les cas, affrontant ce qu'il perçoit de mystère ou d'absence de mystère et tâchant de le partager par l'écriture, le critique n'énonce jamais que sa propre vérité. Celle des sentiments qu'il a éprouvés et que sa supposée capacité d'écriture lui permet de construire, en phrases et en idées, à partir de ses propres émotions, pour accompagner ensuite chacun vers la construction de sa propre opinion. Un critique ne dicte pas son avis sur les films, il n'a aucun droit à faire une chose pareille et d'ailleurs quel intérêt cela aurait-il ? Il travaille à construire un espace de rencontre plus vaste et plus riche entre une œuvre et des personnes, qui sont à la fois des lecteurs et des spectateurs.
D'ailleurs, une bonne critique est intéressante même si on n'a pas vu le film dont elle parle, elle devrait être de toute façon capable de susciter des images et des idées chez le lecteur – même si c'est mieux d'attendre d'avoir vu le film avant de lire la critique.
Jean-Michel Frodon, "A quoi sert la critique de cinéma ?", Slate.fr, 18 novembre 2010.
1. Quelles couleurs sont utilisées ?
Que pouvez-vous dire sur les personnages et leur relation ?
Ce film est-il réaliste ?
Quelles techniques d'animation sont utilisées ?
Quelle leçon peut-on tirer de ce film ?
Inspiré d'un poème de Ron Koertge, le film explore la relation d'un père et de son fils. Le court-métrage, réalisé dans le Loir-et-Cher, a été nommé aux Oscars 2018 dans la catégorie animation.
Max Porter, Ru Kuwahata, Negative Space, 2017.
Ébauchez une critique du film Negative Space telle qu'elle pourrait paraître dans un journal. Vous y intégrerez les éléments échangés à l'oral.
L'échelle s'appuie sur les aptitudes indiquées dans le Bulletin officiel n°17 du 25 avril 2019.
Une copie ne peut atteindre la moyenne si l'un des éléments suivants est présent : la consigne n'est pas du tout respectée / le devoir n'est pas compréhensible en plusieurs endroits / le devoir est très court.
/20 | De 1 à 5 | De 6 à 10 | De 11 à 15 | De 16 à 20 |
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Lire, analyser, interpréter des oeuvres | La critique parle de Negative Space. |
La critique propose plusieurs remarques justes. |
La critique développe plusieurs analyses intéressantes. |
Des analyses fines sont développées et une lecture personnelle s'exprime. |
Construire une réflexion |
La critique donne des informations et propose un point de vue sur le film. |
La critique donne des informations pertinentes et défend un point de vue sur le film à travers un ou deux arguments convaincants. |
La critique donne des informations éclairantes et défend un point de vue sur le film à travers des arguments convaincants et des exemples précis. |
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Maîtriser la langue et l'expression |
La langue est partiellement maîtrisée. |
Des efforts d'expressivité sont faits. La langue est correctement maîtrisée. |
La critique a "du style" : elle est inventive dans son écriture. La langue est bien maîtrisée. Le vocabulaire est précis et varié. |