Soient les extraits des deux livres suivants :
- Sepúlveda, L. (1989). Le vieux qui lisait des romans d'amour. Éditions du Seuil.
- Pennac, D. (1992). Comme un roman. Éditions Gallimard.
Que vous inspire la lecture de ces deux extraits ?
Le monde que produit le texte littéraire narratif est un monde incomplet, même si certaines œuvres proposent des mondes plus complets que d'autres. Il serait plus juste de parler de fragments de mondes, constitués de parties de personnages et de dialogues, où des pans entiers de la réalité font défaut. Et, point essentiel, ces défaillances du monde de l'œuvre ne tiennent pas à un défaut d'information que le travail de recherche, comme en histoire, peut espérer combler un jour, mais un défaut de structure, à savoir que ce monde ne souffre pas d'une complétude perdue, faute d'avoir jamais été complet. De ce fait, le texte n'est pas lisible si le lecteur ne lui donne pas sa forme ultime, par exemple en imaginant consciemment ou inconsciemment, une multitude de détails qui ne lui sont pas fournis. Pour toutes ces raisons, il n'existe pas de texte littéraire indépendamment de la subjectivité de celui qui le lit. [...] C'est le lecteur qui vient achever l'œuvre et refermer le monde qu'elle ouvre, et il le fait chaque fois de manière différente.
Bayard, P. (1998). Qui a tué Roger Ackroyd ?. Les éditions de Minuit.
Dans un autre de ses romans, Oreiller d'herbes, Sôseki nous présente un peintre qui s'est retiré dans les montagnes pour faire le point sur son art. Un jour entre dans la pièce où il travaille la fille de sa logeuse, qui, le voyant avec un livre, lui demande ce qu'il est en train de lire. Le peintre lui répond qu'il l'ignore, puisque sa méthode consiste à ouvrir le livre au hasard [...]. La femme lui demande alors de lui montrer comment il lit, ce qu'il accepte de faire, en lui donnant au fur et à mesure une traduction japonaise du livre anglais qu'il a en main. Il y est question d'un homme et d'une femme dont on ignore tout sinon qu'ils se trouvent sur un bateau à Venise. [...]
- Qui sont cet homme et cette femme ?
- Moi-même je n'en sais rien. Mais c'est justement pour cela que c'est intéressant. On n'a pas à se soucier de leurs relations jusque-là. Tout comme vous et moi qui nous retrouvons ensemble, ce n'est que cet instant qui compte.
Bayard P. (2007). Comment parler des livres qu'on n'a pas lus.
Soient les deux nouvelles suivantes :
Cortazar, J. (1959). "Continuité des parcs", Les Armes secrètes, trad. C. et R. Caillois, éd. Gallimard.
Borges, J. L. (1978). "Le Livre de sable". Le Livre de Sable.
La fin de chacune de ces nouvelles a été tronquée d'une ou plusieurs lignes.
1. Choisissez l'une de ces deux nouvelles, imaginez et écrivez-en la ou les dernières lignes.
2. Selon vous, que nous dit chacun de ces textes sur la lecture ?