Extrait A
J'ai passé une très bonne année au côté de ma tutrice. Je sentais qu'elle prenait en compte mes idées, qu'elle me laissait de la place au sein de sa classe. Elle me disait que cette année je pouvais faire toutes mes expérimentations sans problème. Elle me faisait totalement confiance et me donnait souvent des groupes dans une autre salle afin de faire un cours plus personnalisé selon les besoins des élèves. Cela a participé au fait que je prenne confiance en moi quant à ma posture d'enseignante, puisque je sentais qu'elle comptait sur moi et que j'arrivais à répondre aux attentes des élèves. Elle était ouverte à toute mes questions, y répondait volontiers. J'ai pu prendre en charge des séquences sans avoir peur de son jugement.
Cependant, certains aspects auraient pu mieux se dérouler. Lors de ma présentation aux élèves, ma tutrice me présentait comme "la stagiaire". Aux yeux des élèves, j'étais donc perçue non pas comme une professeure mais comme " la stagiaire" surtout aux yeux des 3emes, qui connaissent cette posture pendant leur stage. Cela a donné lieu à quelques situations cocasses, où l'on m'interpelait en classe par "la stagiaire !" ou encore un "Bonjour madame ! Bonjour la stagiaire !" Je reprenais à chaque fois. Ils ont même demandé à ma tutrice pourquoi je ne les prenais jamais en charge en disant "parce qu'elle n'est pas capable". Ma tutrice a pris ma défense. Ce n'est pas très grave mais ce n'est pas agréable comme situation.
Une étudiante en master MEEF. (2025).
Extrait B
Dès le début d'année, ma tutrice m'a demandé de réaliser des séances pour des quatrièmes en lien avec ce qu'elle voit avec eux. Je n'avais aucune indication et je ne savais même pas ce qu'était une séance (Où trouver des documents à partager aux élèves ? Comment une séance doit-elle être organisée ? Quels sont les objectifs et les compétences ? A quoi ça doit ressembler une séance ? C'est quoi le programme officiel ? Où puis-je le trouver ? C'est quoi une progression ?). Elle ne voulait rien me dire car selon elle, j'avais tout appris en observant l'année précédente et c'est seulement en se trompant qu'on apprend. Je pense sincèrement qu'il aurait fallu me présenter les attentes, le format, m'apprendre comment faire une séance… Le problème est que pendant mes observations, je n'avais rien appris car je ne savais pas comment et quoi observer (j'ai été à la place d'élève toute ma vie sans savoir comment un professeur travaillait). De plus, à la fin de chacune de mes séances, on avait une séance de concertation où elle me lisait ses prises de notes : il y avait à chaque fois environ trois ou quatre pages avec une liste de tout ce que j'avais mal fait (rien de positif). C'était très humiliant et rabaissant et il y avait tellement de choses à corriger dans ses remarques que je ne savais pas sur quel point je devais me concentrer. Je répétais parfois des erreurs et elle n'arrêtait pas de me dire que je n'avançais pas car je ne suivais pas ce qu'elle me disait alors que je réalisais des fiches de tout ce qu'elle me disait et je cherchais comment je pouvais m'améliorer sur ces différents points. En plus d'être débordée entre la licence qui n'était pas adaptée à la situation et le collège, j'allais chaque jour au collège après une nuit blanche pendant laquelle j'étais angoissé et j'avais la boule au ventre à l'idée de retrouver ma tutrice.
Au bout d'un moment, elle s'est mise à lire mes préparations de séances et je devais détailler précisément tout ce que je devais faire dans une séance en mettant les minutes, même pour des éléments logiques (ex : "8h12 : Je demande aux élèves de poser leur classeur sur la table et de l'ouvrir à la partie "Leçon""). Faire ces documents me prenait énormément de temps et ils étaient toujours autant critiqué qu'avant. Je devais suivre des formes précises et des manières d'écrire qui ne me convenaient pas. Aujourd'hui, je reprends des éléments liés à cette organisation mais je ne sais pas si c'est bien.
Une étudiante en master MEEF. (2025).
Extrait C
Cette année j'ai été suivie par deux tutrices, ce qui était très appréciable et enrichissant. Cela m'a permis d'avoir plusieurs regards sur ma pratique et chacune des deux a su m'aider spécifiquement à partir de ses "points forts".
L'échange avec elles a été très positif. Elles me contactaient le plus souvent par mail. L'une d'entre elles m'a proposé d'échanger une fois par téléphone pour faire un compte rendu de visite mais cela est resté exceptionnel et elle m'avait demandé auparavant si cela me convenait. Les retours qu'elles ont pu faire sur ma pratique ont été très pertinents et bienveillants. J'ai apprécié le fait qu'elles aient mis en évidence les points que j'avais à travailler tout en me rassurant. Elles étaient au courant de mon parcours et savaient donc que la didactique n'était pas mon fort. Elles ont su en revanche insister sur le fait que je maîtrisais les connaissances essentielles à l'exercice de ma discipline.
Elles m'ont principalement demandé au fur et à mesure de l'année de leur envoyer la construction de mes séquences et de quelques séances. Elles ont su me donner des conseils pertinents à ce sujet et m'ont aidé à remanier certaines séances/ séquences.
En revanche, elles m'ont laissé me faire ma propre expérience, ce qui m'a permis d'apprendre de mes erreurs. Elles sont venues m'observer plusieurs fois. Au début, elles "imposaient" leurs créneaux mais au fur et à mesure de l'année, elles me demandaient s'il me semblait plus utile qu'elles viennent sur une séance plutôt qu'une autre. De la même manière, en fin d'année elles me demandaient davantage ce sur quoi je voulais travailler avec elles et l'on pouvait réfléchir ensemble à ce qui me posait le plus problème.
Une stagiaire en responsabilité. (2025).
Extrait D
MOI : "Ça ne se passe pas très bien en Devoirs Faits en ce moment..." / TUTRICE : "Ah non ! Je te l'ai déjà dit plein de fois. Je ne veux pas en entendre parler. Pour ça, il faut que tu apprennes à aller voir d'autres professeurs. Je suis là pour les cours avec les 4e et les Premières mais ce n'est pas moi qui gère Devoirs Faits."
Discussion en salle des professeurs : COLLEGUE (en alternance avec le Master) : Alors ton cours ? MOI : Je ne sais pas. Je pense que c'est bien mais je crois que j'ai mal géré le temps... MÊME COLLEGUE : Mais c'est normal. Tu débutes. L'important c'est que tu te sois améliorée ! Et ça c'est génial ! Pas vrai ? TUTRICE : Ah oui, elle s'est plus ou moins améliorée...
TUTRICE : "Pour t'améliorer, tu devrais aller voir d'autres professeurs. Je ne vais pas tout organiser, c'est à toi de faire le premier pas pour aller les voir." …Quelques jours plus tard… MOI : "Je suis allée demander pour faire de l'observation dans la classe X et elle a accepté." TUTRICE : "Oui mais X c'est le boulet du groupe de Lettres... En plus, tu ne m'as pas demandé mon accord. Tu comprends bien que ces heures ne seront pas comptabilisées et que tu ne seras pas payée pour ça ? C'est quelque chose que tu as demandé en plus, ce qui ne compte pas dans ton travail."
Une AED pré-pro. (2025).
Extrait E
Dès le début d'année, j'ai été chaleureusement accueillie par l'ensemble de l'équipe : principale, professeurs… J'ai rapidement compris les rôles de chacun et tout le monde s'est montré très ouvert. J'ai très vite compris une de mes erreurs des années précédentes : ne pas avoir osé demander de l'aide aux autres collègues. Cette fois, régulièrement, la principale, le principale adjoint et les autres professeurs venaient me voir pour me demander si j'avais besoin d'aide ou de conseils. J'ai ainsi pu rapidement identifier les membres de l'équipe et me sentir à l'aise pour demander de l'aide. Tous ces échanges bienveillants m'ont énormément aidée durant toute l'année scolaire : j'ai pu apprendre rapidement l'organisation et le fonctionnement du collège, la manière de gérer une classe, le fonctionnement de Pronote… Et surtout, je ne me sentais plus complètement isolée avec mes soucis.
J'ai commencé dès le début d'année à avoir des temps de concertation avec mon tuteur qui m'ont aidé à bien m'organiser et à préparer mes premières séances. Je lui envoyais régulièrement des mails avec mes séquences, mes séances et mes questions auxquels il me donnait des conseils sans me forcer de les suivre.
Mon tuteur m'aidait donc régulièrement quand je le lui demandais et venait me voir sur quelques-unes de mes séances, il s'intéressait toujours à ce que je faisais de bien en les soulignant par son discours durant les temps de concertation et n'évoquait que deux ou trois défauts/erreurs à améliorer. Ça m'a permis de me sentir plus confiante, de me concentrer sur une chose à la fois pour m'améliorer petit à petit et de ne pas avoir l'impression qu'on faisait mon procès comme avec ma première tutrice qui me listait toutes mes maladresses… Petit à petit dans l'année, mon tuteur m'a laissé gérer seule et ne revenait vers moi pour m'aider que lorsque je le lui demandais. Je me suis sentie beaucoup plus libre et j'ai ainsi aussi pu aller voir d'autres collègues dans leurs cours et pour leur demander de l'aide.
J'ai cependant eu beaucoup de mal avec la gestion de la classe (encore une fois) notamment vers décembre mais j'ai pu m'améliorer grâce au soutien de mon tuteur et du principal qui m'ont bien expliqué tous les outils et toutes les personnes qui sont là pour m'aider. Il était aussi agréable que tout le monde comprenne que mon année était très chargée. Je me suis vraiment sentie soutenue cette année par l'ensemble de l'équipe du collège.
Une étudiante contractuelle alternante (en responsabilité). (2025).
Extrait F
On m'a demandé d'animer des séances très tôt dans le stage — dès la deuxième semaine — alors qu'il était initialement prévu que cette période soit consacrée à l'observation. Le temps d'observation, essentiel pour prendre des repères, comprendre la dynamique des classes et les attentes du tuteur, a donc été largement amputé pour moi.
L'une des grandes difficultés rencontrées durant ce stage a été la gestion d'une charge de travail conséquente, imposée et sans prendre en compte le statut d'étudiant avec un master, un concours, et un mémoire… Mes week-ends étaient systématiquement absorbés par la préparation des documents à rendre pour le lundi matin. Une fois ce travail accompli, s'installait une nouvelle forme de tension : du lundi au mercredi, je vivais dans l'attente d'un éventuel retour, avec l'angoisse permanente de devoir tout reprendre à la dernière minute. Cette incertitude me pesait énormément et générait un stress constant.
Les appels téléphoniques et les courriels envoyés à toute heure représentaient une source importante d'anxiété et d'instabilité dans mon organisation. Les coups de fil imprévus pouvaient survenir pendant les vacances, les week-end, tard le soir (après 20h), parfois même la veille d'une visite de stage ou d'une séance, ce qui m'obligeait à revoir entièrement ma séance à la dernière minute. Il arrivait aussi qu'on me prévienne tardivement de l'ajout d'un cours pour le lendemain matin à 9h.
Il m'est arrivé à plusieurs reprises d'être prévenu au dernier moment, le jour même, que ma journée de stage ne se terminerait pas à 13h comme prévu, mais à 17h ou après.
Ces changements de dernière minute, imposés sans concertation, s'ajoutaient à des semaines déjà très chargées, rythmées par des journées entières de stage et des exigences dans le cadre du master.
Un étudiant en master MEEF. (2025).